Pays : France
Durée : 1h57
Genre : Comédie dramatique, Guerre
Sortie : 25 octobre 2017
Réalisateur : Albert Dupontel
Distribution : Nahuel Pérez Biscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Niels Arestrup, Émilie Dequenne, Mélanie Thierry, Philippe Uchan, Michel Vuillermoz
Histoire : Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l'un dessinateur de génie, l'autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l'entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire..
Quatre ans après le succès de 9 mois ferme (plus de 2 millions d’entrées), Albert Dupontel retourne derrière la caméra et notre excitation est à son comble. Et pour cause, depuis ses débuts fracassants avec Bernie en 1996, le bonhomme n’a fait que des bons films. Avec Au revoir là-haut, il se met en danger, sortant de sa zone de confort en adaptant un sacré morceau de littérature, le prix Goncourt 2013 signé Pierre Lemaitre. Une adaptation d’autant plus ambitieuse que le contexte de la 1ère guerre mondiale impose un budget conséquent. De quoi permettre à Dupontel de définitivement s’imposer comme un des grands cinéastes français de son temps.
En d’autres mains, Au revoir là-haut aurait eu tout du gros téléfilm de cinéma susceptible d’attirer les foules et surtout assurer les multi diffusions sur le petit écran. Avec la maestria technique de Dupontel, ses obsessions sociales et politiques, son souci maladif du détail, Au revoir là-haut est juste un grand film de cinéma. Une œuvre foisonnante qui comble les amateurs de belle histoire tout en ne laissant jamais de côté ceux pour qui le 7ème art est aussi et surtout une affaire de langage.
Multipliant les séquences où sa caméra est un personnage à part entière du récit (les séquences dans les tranchées sont ainsi, par exemple, de sacrés morceaux d’anthologie), Albert Dupontel fonce bille en tête dans une histoire littéralement passionnante. Mélodrame somptueux rempli de coups de théâtre où les héros doivent sans cesse se transformer pour survivre et finalement se redécouvrir, Au revoir là-haut réussit à capter magnifiquement avec un ton sarcastique l’époque de reconstruction post-première guerre mondiale qui profita avant tout aux plus riches et plus rusés. Et Dupontel de faire œuvre politique en laissant aux spectateurs le soin d’y voir encore aujourd’hui un éternel recommencement.
Doté d’un casting en apparence hétéroclite, mais bigrement impressionnant, Au revoir là-haut ravira les amateurs de performances de jeu. Dans le rôle du fils de bonne famille revanchard défiguré au combat, Nahuel Pérez Biscayart s’impose définitivement comme la révélation 2017. Malgré un masque qu’il porte quasi constamment, le comédien parvient à être aussi émouvant qu’il l’avait été dans 120 battements par minute. A ses côtés, Dupontel a l’intelligence de la jouer sobre laissant les moments plus Tex-Avery de son cinéma au génial Laurent Lafitte qui compose un salaud comme on adore les détester. Niels Arestrup impose, quant à lui, son autorité évidente, l’occasion de scènes extrêmement drôles avec Philippe Uchan. Si les femmes sont malheureusement un peu plus (trop ?) en retrait, les impeccables Emilie Dequenne et Mélanie Thierry leur apportent une élégante empathie salvatrice. Enfin, si on regrette l’absence du fidèle Nicolas Marie, Michel Vuillermoz le remplace avec une réussite indéniable.
En proposant un « spectacle » constamment impressionnant (de la photo à la musique en passant par les décors, costumes et effets spéciaux, tout est parfait), Albert Dupontel signe une œuvre mémorable. Celle d’un cinéaste au sommet de son art qui offre au cinéma français son Everest 2017.
Publié le 23/10/2017 par Laurent Pécha