Après Get Out l'an dernier qui avait rapporté 176 millions de dollars aux USA (et 255 dans le monde entier) pour une mise de départ en dessous des 5 millions de dollars, Sans un bruit vient d'atteindre la bagatelle impressionnante de plus de 328 millions de dollars de recettes mondiales. Même si son budget de plus de 15 millions de dollars ne peut pas le faire passer pour un tout petit film pas cher, Sans un bruit reste un rêve de producteur dont Jason Blum s'est fait une spécialité depuis presque une décennie avec sa société Blumhouse. Get out, la saga des Paranormal activity, celle des American nightmare,...., on ne compte plus les succès colossaux du monsieur. Mais quand est-il de la qualité intrinsèque des films. Peut-on produire un film avec peu de moyens tout en respectant une vraie qualité artistique ? En se posant cette question, on a voulu faire le point sur ces œuvres faites presque avec des bouts de ficelles mais qui ont su devenir cinématographiquement mémorables tout en faisant la richesse de ceux qui les ont produites.
C’est donc parti pour notre top 10 des petits bons films pas chers qui rapportent un max.
Pour entrer dans ce classement, il faut que le budget du film ne dépasse pas les 6 millions de dollars (on a tenu compte des époques, un budget de 3 millions aujourd’hui est vraiment minuscule alors qu’il était plus que confortable dans les années 70 par exemple, des coûts fluctuants de la monnaie : 30 millions de dollars de gains en 1974, vaudrait bien plus que 120 millions aujourd’hui,…). Le film doit également avoir rapporté au moins 30 fois sa mise de départ (on ne tient compte ici que du budget de production). Enfin pour les variations du classement, on a tenu compte de notre perception du film, certains se voyant pénaliser par leurs qualités artistiques jugés moins réussies que celles de leurs compères. C’est d’ailleurs pour ça que les deux films les plus rentables de l’Histoire figurent mal ou pas du tout dans notre top.
Budget : 60 000 dollars
Gains monde : 248,3 millions de dollars
France : 810 359 entrées
Le Projet Blair Witch a donc rapporté 4138 fois son investissement initial. Une prouesse inouïe qui en a fait à l’époque le film le plus rentable de l’Histoire, un record qui sera battu 10 ans plus tard par Paranormal activity et son hallucinant x 12 940. Si la première production (à succès) de Blumhouse n’apparaît pas notre top 10 eu égard à son abyssale nullité cinématographique, Le Projet Blair Witch ne peut être mis de côté. Et pourtant, nous ne sommes pas fans du tout du film mais force est de reconnaître qu’il a su remettre au goût du jour le found footage (déjà vu à l’époque du Cannibal holocaust de Ruggero Deodato en 1980). Et surtout, presque 20 ans plus tard, il est l’un des rares films de found footage (devenu un genre à part entière) qui tient vraiment la route en utilisant bon escient le concept.
Pour la petite histoire, si le film a coûté si peu cher, c’est qu’il a été tourné en 8 jours avec donc une équipe ultra réduite. Pour la post-production, ce fut nettement plus long puisqu’il a fallu 8 mois pour venir à bout des 19 heures de prises de vue faites durant le tournage.
Budget : 1,2 million de dollars
Gains : 36,7 millions de dollars
France : 1 413 940 entrées
Avec seulement 30,6 fois sa mise de départ, le film de Steven Soderbergh doit avant tout sa place dans notre classement grâce son prestige sans équivalent ici. Et pour cause, il est le seul à pouvoir se targuer d’avoir remporté la prestigieuse Palme d’Or au festival de Cannes. Réussir cette gageure avec un budget aussi riquiqui (son trio d’acteurs principaux était encore loin de la renommée acquise depuis) force encore plus le respect. Et l’œuvre de ne pas avoir perdu sa singularité et son pouvoir d’attraction. On se dit même que le succès du film serait tout autre aujourd’hui avec la sur médiatisation de Cannes et ses prix.
Budget : 65 000 dollars
Gains monde : 28,5 millions
France : 175 844 entrées
Si le fast food a rendu plus que riche Mc Donald’s, critiquer ce mode de consommation peut rapporter beaucoup même si cela n’était pas le but au départ. En multipliant par 438,5 leur investissement de départ, les auteurs de Super size me ont eu de quoi s’offrir des restaurants plus huppés que les enseignes rouges et jaunes. La réussite commerciale du film, inattendue à ce niveau pour un documentaire, atteste de son impact sur les foules. Certes, en étant réaliste, rien n’a fondamentalement changé mais rien n’est tout à fait pareil aussi. Car, ceux qui ont vu Super size me, en parlent toujours avec passion et cet impact-là, il est bien plus difficile à chiffrer.
Budget : 3,5 millions
Gains : 257,9 millions de dollars
France : 3 546 419 entrées
La comédie venue de nulle part. En 1997, on avait plus l’habitude de pleurer en voyant un film british social avec en figure de proue, l’incontournable Ken Loach. Avec 15 ans d’avance sur Channing Tatum, Robert Carlyle et sa bande se déhanchaient sur le Hot stuff de Donna Summer et The full monty d’engranger les dollars. Et aller jusqu’au bout du strip-tease, ça rapporte encore plus : 74 fois son budget contre « seulement » 24 pour Magic Mike.
Budget : 27 000 dollars
Gains monde : 3,9 millions dollars
France : 158 755 entrées
Voilà une autre comédie. Le succès commercial est à des années lumières de celui de The Full monty mais on parle ici d’un film au budget riquiqui. Le pur film de potes que l’on tourne dans son garage le week-end. Kevin Smith l’a fait et surtout avec talent au point de faire de Clerks le film culte par excellence et la base de tout son cinéma à venir. Avec presque 145 fois le budget investi, Clerks est bien plus qu’un film phare du cinéaste, c’est aussi un film qui a rapporté (sans parler de sa carrière vidéo qui fut encore plus prospère).
Budget : 777 000 dollars
Gains monde : 140 millions de dollars
France : 1 248 919 entrées
Avant de réaliser l’un des films les plus rentables de l’Histoire avec La Guerre des étoiles (disqualifier de notre classement pour cause de budget « conséquent », 11 millions de dollars à l’époque), George Lucas avait déjà rendu riche un autre studio qui avait cru en lui. En 1973, Universal pouvait remercier presque tous les autres studios hollywoodiens d’avoir refusé le projet de papa Lucas (la liste est longue : Fox, United Artists, MGM, Columbia et Paramount). Car, une mise de départ étonnamment basse (777 000 dollars, soit par exemple trois fois moins que son pote Spielberg la même année pour Sugarland express ou deux fois moins que Scorsese pour Taxi driver en 1974), le papa de Star wars explosa le box-office mondial. 180 fois la mise de départ, ça classe un bonhomme. Peut-être que la Fox s’en rappela lors des négociations pour ce petit space-opera dont ils n’étaient pas très friands.
Budget : 325 000 dollars
Gains monde : 70 millions de dollars
France : 283 934 entrées
Phénomène culturel sans précédent, le Halloween John Carpenter est toujours l’un des films indépendants américains les plus rentables de l’Histoire et « accessoirement » l’un des meilleurs films d’horreur jamais produits. 215 fois son budget, cela impressionne toujours autant. Il lança en tout cas la vague des slashers qui allaient pulluler dans les années 80 et même plus (y a toujours un petit malin qui se dit qu’un tueur et des jeunes en détresse dans un lieu isolé, ça coute pas cher et ça peut rapporter un joli pactole). A l’image de la saga des Vendredi 13 qui deux ans plus tard avec son premier opus, allait voir les billets verts se multiplier (550 000 dollars investis pour des recettes proches des 60 millions).
Budget : 114 000 dollars
Gains monde : 30 millions de dollars
France : 1 348 873 entrées
Quand on est fan de Romero, on a toujours du mal à parler des sous que La Nuit des morts-vivants a pu rapporter. En effet, suite à des contrats mal négociés, le père des zombies modernes et à venir n’a jamais pu toucher quoique ce soit sur les immenses bénéfices du film. Et quand on parle d’une œuvre qui a multiplié par 263 son budget de départ, il y a de quoi l’avoir mauvaise (sans mentionner les droits vidéo d’un film tombé dans le domaine public et commercialiser à outrance dans le monde entier depuis des décennies).
Budget : 1 million de dollars
Gains monde : 225 millions de dollars
France : 664 966 entrées
On n’est presque plus dans le petit film là. Avec son million de budget, Rocky frise l’enveloppe normale pour l’époque. Pourtant, on est bien en présence d’un Cendrillon des temps moderne, le film canard boiteux dont personne ne voulait, qui s’est tourné avec les tripes et à la sueur du front de tous ses participants, à commencer par Stallone qui n’a rien voulu lâcher (il refusa beaucoup d’argent en ne voulant pas un autre interprète pour le rôle-titre). Et surtout, on parle d’un film qui connut un succès mondial presque inédit dans son ampleur à l’époque. 225 fois sa mise initiale ! On est ici dans des sphères complétement folles d’une œuvre qui rapporta autant aux USA qu’à l’étranger (un vrai précurseur ce Rocky). Pour se rendre compte de l’exploit du premier film de la saga : le deuxième rapporta un peu moins (200 millions) pour un budget 7 fois supérieur et le quatrième récolta certes 300 millions mais pour un budget de 31 millions.
Budget : 200 000 dollars
Gains monde : 99,75 millions de dollars
France : 2 549 462 entrées
Le succès de Fury road en 2015 fit plaisir à voir avec ses 370 millions de dollars récoltés dans le monde. Mais avec un budget de 150 millions, ce fut juste une très bonne opération commerciale. Rien à voir avec le Mad Max premier du nom et son délirant multiplicateur à faire saliver tous les producteurs de la planète : un quasi 499 fois le budget initial. Nul doute que la réputation sulfureuse du film fit beaucoup pour son succès planétaire comme en France où il débarqua sur les écrans avec presque trois ans de retard pour cumuler un impressionnant 2 549 462 spectateurs (suivi quelques mois plus tard du numéro 2 qui surfa sur la vague et cumula 3 625 481 entrées)
Liste des films qui auraient pu également prétendre à une place dans notre top :
Psychose (1960)
Budget : 800 000 dollars
Gains monde : 50 millions de dollars
France : 1 465 640 entrées (1960)
Multiplicateur : x 62,5
Easy rider (1969)
Budget : 340 000 dollars
Gains monde : 60 millions de dollars
France : 1 838 678 entrées
Multiplicateur : x 176,5
The Evil dead (1983)
Budget : 375 000 dollars
Gains monde : 29,4 millions
France : 487 224 entrées
Multiplicateur : x 78,4
Vendredi 13 (1980)
Budget : 550 000 dollars
Gains monde : 59,75 millions de dollars
France : 603 008 entrées
Multiplicateur : x 108,6
Paranormal activity (2009)
Budget : 15 000 dollars
Gains monde : 194,1 millions de dollars
France : 1 111 270 entrées
Multiplicateur : x 12 940
Mariage à la grecque (2002)
Budget : 5 millions de dollars
Gains monde : 374,9 millions de dollars
France : 471 685 entrées
Multiplicateur : x 75
Insidious (2008)
Budget : 1,5 million de dollars
Gains monde : 97 millions de dollars
France : 471 603 entrées
Multiplicateur : x 64,66 (à 2 près on avait le chiffre parfait pour foutre les pétoches)
Pi (1998)
Budget : 60 000 dollars
Gains monde : 4,7 millions de dollars
France : 30 310 entrées
Multiplicateur : x 78,3
Once (2007)
Budget : 150 000 dollars
Gains monde : 23,3 millions
France : 84 116 entrées
Multiplicateur : x 155,3
El mariachi (1993)
Budget : 7 000 dollars
Gains : 2 millions de dollars
France : 58 586 entrées
Multiplicateur : x 285,7
Saw (2004)
Budget : 1,2 million de dollars
Gains monde : 103,9 millions de dollars
France : 493 502 entrées
Multiplicateur : x 86,6
Cube (1998)
Budget : 250 000 dollars
Gains monde : 9 millions de dollars
France : 913 773 entrées
Multiplicateur : x 36
Open water, en eaux profondes (2004)
Budget : 500 000 dollars
Gains : 54,6
France : 151 808 entrées
Multiplicateur : x 109,2
Napoleon Dynamite (2004)
Budget : 400 000 dollars
Gains monde : 46,1 millions de dollars
Multiplicateur : x 115,25
Pink flamingos (1972)
Budget : 12 000 dollars
Gains : 1,25 million de dollars
Multiplicateur : x 104
American nightmare (2013)
Budget : 3 millions
Gains monde : 89 millions
France : 371 717 entrées
Multiplicateur : x 30 (en arrondissant)
Lost in translation (2003)
Budget : 4 millions
Gains monde : 119,7 millions
France : 1 384 220 entrées
Multiplicateur : x 30 (on a arrondi parce qu’on est sympa avec Sofia)
Juno (2007)
Budget : 6,5 millions (trop cher mais le budget réel est sûrement en dessous des 6)
Gains monde : 231,4 millions de dollars
France : 873 420 entrées
Multiplicateur : x 35,6
Get out (2017)
Budget : 4,5 millions de dollars
Gains monde : 189 millions de dollars (au 20 avril 2017)
Multiplicateur : x 42
Publié le 01/07/2018 par Laurent Pécha