Pays : Angleterre - USA
Durée : 1h47
Genre : Guerre
Sortie : 19 juillet 2017
Réalisateur : Christopher Nolan
Distribution : Fionn Whitehead, Mark Rylance, Tom Hardy, Kenneth Branagh, Cillian Murphy, James D'Arcy, Harry Styles, Barry Keoghan, Aneurin Barnard
Histoire : Le récit de la fameuse évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940.
A l’instar de ce qui est encore aujourd’hui l’une des meilleures scènes du réalisateur, le casse qui ouvrait The Dark Knight, le début de Dunkerque est saisissant. Christopher Nolan nous plonge au cœur d’une ville en apparence déserte en compagnie d’une poignée de soldats anglais. S’en suit une fusillade venue de nulle part qui élimine tous les militaires sauf un qui court pour sa vie. Durant sa fuite éperdue, la musique simulant le compte à rebours d’une horloge rythme nos pulsations cardiaques. La tension est alors maximale et le film n’a encore presque pas commencé. La profession de foi de Nolan si ! Dunkerque sera un grand film de mise en scène ou ne sera pas !
Pour accroître la toute-puissance de sa réalisation, le cinéaste britannique s’offre une coquetterie temporelle qui s’impose dans un premier temps comme une incroyable idée narrative mais qui finira par montrer les limites de l’artiste dans sa capacité à s’appuyer essentiellement sur l’humain. En choisissant de raconter cette déroute des forces alliées (enfin anglaises dans la version nolanienne) par le prisme de trois parties distinctes non seulement dans l’espace (terre, mer et air) mais dans le temps (une semaine, un jour, une heure), Nolan jongle avec le ludique et le cérébral et s’éloigne brillamment mais artificiellement du « simple » survival de guerre que pouvait devenir Dunkerque.
On assiste ainsi un découpage souvent fascinant, le dispositif permettant au réalisateur de passer avec brio d’un lieu-époque à l’autre gommant en grande partie cette tenace réputation (justifiée) de cinéaste qui ne sait pas trop filmer l’action. S’appuyant sur des moyens colossaux magnifiquement mis en valeur (la photo est notamment superbe), Nolan joue au parfait chef de guerre. Impossible de lui reprocher quoique ce soit de ce côté-ci et c’est d’autant plus remarquable qu’il réussit à le faire sans montrer la moindre goutte du sang. Une sorte de contre-point étonnant à Il faut sauver le Soldat Ryan, film resté dans toutes les mémoires pour son incroyable séquence éprouvante du débarquement normand.
Délaissant son aptitude à étirer en longueur ses films (il faut remonter à 2002 et Insomnia pour voir une de ses œuvres ne pas dépasser les deux heures), Nolan et sa formidable maîtrise technique semblent se diriger vers un « home run » parfait d’autant plus que ses comédiens, connus ou pas, jouent tous leur partition avec une admirable justesse. C’était sans compter cette aptitude à oublier de densifier la moelle de ses héros et surtout cette constante volonté de rattacher les wagons en sur-lignant plus que de raison le message qu’il désire faire passer.
En l’état, Dunkerque n’est pas l’immense film de guerre que les fans purs et durs du cinéaste pensent avoir vu. Mais force est de reconnaître qu’il est, au cœur de cet été bien tristounet, l’une des rares propositions cinématographiques dignes de vrais éloges. Et c’est aussi le meilleur film de son auteur depuis The Dark Knight.
Publié le 21/07/2017 par Laurent Pécha