Pays : USA
Durée : 1h44
Genre : Thriller / Horreur
Sortie : 3 mai 2017
Réalisateur : Jordan Peele
Distribution : Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keeener, Bradley Whitford, Caleb Landry Jones, Marcus Henderson, Betty Gabriel
Histoire : Un jeune couple mixte part en week-end chez les parents de la belle. Ces derniers ne savent pas que Chris, le petit-ami de leur fille, est noir. Pas de souci néanmoins puisqu’ils sont ouverts d’esprit, pro-Obama, et ont des domestiques noirs qui semblent heureux d’être à leur service. Sans doute un peu trop d’ailleurs, ce qui a très vite le don de mettre Chris sur la défensive. Tout paraît trop propre et bien-pensant dans cette famille en apparence idéale…
Scénario : Le film a créé l’événement aux USA en connaissant un succès phénoménal. Il est même rentré rapidement dans l’inconscient culturel américain au point d’être cité à tout bout champ comme le film anti-Trump par excellence. Si cela peut apparaître un poil excessif, d’autant que l’œuvre a été imaginée bien avant l’élection de l’actuel président des Etats-Unis, il est évident que Jordan Peele, son scénariste et réalisateur, a bien saisi l’air du temps et évoque ici des sujets qui préoccupent ses concitoyens depuis bien longtemps. En ce sens, Get Out s’inscrit parfaitement dans la branche politique qui a souvent accompagné les plus grands films d’horreur de notre temps. La Nuit des morts-vivants, L’Invasion des profanateurs de sépultures, Invasion Los Angeles et tant d'autres ont tous en leur temps dénoncé sous couvert d’un divertissement des plus efficaces les travers de notre société. Alors, oui, le film de Peele questionne tout autant notre rapport à la différence, dont le racisme est la figure de proue, que la lutte des classes (Chris, figure presque prolétaire face à la riche famille blanche de sa petite amie).
Pour ce faire, Jordan Peele a concocté une histoire que l’on aurait pu tout autant voir à l’époque de la série culte La Quatrième dimension. Seule la durée (légérement excessive) du métrage nous rappelle que l’on est face à un œuvre cinématographique. En utilisant à bon escient les tons de son scénario construit en trois parties bien distinctes, Peele nous fait passer sans effort de la satire souvent fine sur une Amérique bourgeoise où il ne fait pas si bon de vivre au thriller horrifique stressant et même particulièrement violent lors de brèves mais intenses séquences.
Il manquera peut être toutefois à certains quelques explications psychologiques plus appuyées pour rendre cette histoire plus crédible qu’elle ne l’est. Mais à l’image du contre-point comique du récit (le side-kick du héros), Jordan Peele nous invite à ne pas prendre tout ça au pied de la lettre. Quoique…
Réalisation : Il s’agit du premier film de Jordan Peele, connu aux USA pour être un acteur comique (son duo avec Keegan-Michael Key dans la série Key and Peele en tête). Il est évident que le monsieur connaît sur le bout des doigts les classiques du genre. Mieux, il leur témoigne un profond respect, comme le démontre avec brio la séquence d’ouverture, vibrant hommage à l’univers du slasher. Le spectateur a ainsi tout de suite compris qu’il était entre de bonnes mains. Et cela se confirme par la suite avec une maîtrise du rythme presque parfaite (une dizaine de minutes en moins dans le deuxième tiers du récit n’aurait pas été superflue) et une gestion de l’effroi parfaitement contrebalancée par une utilisation judicieuse de ressorts comiques. On soulignera également le soin apporté à la photographie, nettement supérieure à ce que l’on peut voir d’ordinaire dans ce type de production à faible budget. Sans oublier quelques apartés visuels (les hallucinations de Chris) que l’on peut trouver déroutantes mais qui offrent une plus-value non négligeable au récit.
Interprétation : Avec un film à petit budget, on peut toujours craindre le pire pour le jeu des comédiens. Surtout quand on sort des principaux protagonistes pour s’intéresser aux petits rôles. La force exceptionnelle de Get Out est d’avoir un niveau de jeu en totale adéquation. Cela se vérifie lors de la longue séquence du repas de famille, où de nombreux comédiens entrent brièvement en scène sans que jamais notre intérêt ne faiblisse. Au contraire même, on est constamment happé par la vérité et l’étrangeté qui se dégagent de toutes ces « tronches ». Pour les rôles principaux, le sans-faute est total avec un Daniel Kaluuya, véritable révélation du film, qui campe avec une conviction phénoménale un héros qui va passer par tous les états. A ses côtés, Allison Williams et ses faux airs d’Amanda Peet interprète une intrigante « damsel in distress » malgré une caractérisation trop légère, notamment dans le dernier tiers du film. Mention spéciale à sa famille, qui du père au frère en passant par la mère (la revenante Catherine Keener, flippante) forme des hôtes que l’on n’a vraiment pas envie de croiser dans la vraie vie.
A savoir : Le film est une production Blumhouse, spécialisée depuis une dizaine d’années dans le concept du film de genre (le plus souvent horrifique) produit avec un tout petit budget (Get Out, avec ses 4,5 millions, fait partie des films les plus chers de la boîte). Avec plus de 180 millions de recettes rien que sur le territoire nord-américain, Get Out est le plus gros succès de Jason Blum, qui compte à son palmarès des franchises parmi les plus lucratives : Paranormal Activity, Insidious, American Nightmare…
En bref : Film événement aux USA, Get Out tient presque toutes ses promesses. Seul le temps nous dira s’il devient un classique du genre mais on parierait bien une piécette dessus.
Publié le 03/05/2017