Pays : USA
Durée : 2h20
Genre : Science-fiction, Guerre
Sortie : 2 août 2017
Réalisateur : Matt Reeves
Distribution : Andy Serkis, Woody Harrelson, Steve Zahn, Judy Greer, Karin Konoval, Amiah Miller, Terry Notary
Histoire : Dans ce volet final de la trilogie, César, à la tête des Singes, doit défendre les siens contre une armée humaine prônant leur destruction. L’issue du combat déterminera non seulement le destin de chaque espèce, mais aussi l’avenir de la planète.
Après un épisode 2 en 2014 (L’Affrontement) qui avait continué à poursuivre l’excellente surprise du reboot-prequel 2011 de la célèbre franchise sans pour autant gommer quelques gros défauts, on attendait de pieds fermes cet opus qui s’annonçait définitif à l’image de son titre sans équivoque (Suprématie).
A nouveau derrière la caméra, Matt Reeves montre, dès la séquence d’ouverture, que son film sera bien celui de la maturité. Totalement subjugué par la puissance d’une mise en scène incroyablement signifiante et d’une 3D bluffante (c’est si rare pour ne pas le souligner), on ressent lors de ce premier affrontement des plus violents entre humains et primates que ce blockbuster estival-là n’est vraiment pas du même acabit que ces congénères.
Sous influence assumée (Reeves cite plus d’une fois Apocalypse now) mais complètement digérée (soit l’opposé de Kong : Skull Island), Suprématie déroule un récit de bout en bout maîtrisé à quelques scories près (la gestion de Nova principalement). Il offre surtout un spectacle adulte en misant sur la patience de ses spectateurs. En 2017, dans une grosse prod US, on peut encore prendre le temps de laisser une séquence s’étaler durant de longues minutes pour obtenir de vraies émotions (l’admirable scène des héros trouvant refuge dans le repaire de Bad Ape).
Que cela fait aussi divinement plaisir de voir que Reeves et son co-scénariste croient dur comme fer dans un classicisme que l’on croyait presque perdu à jamais. Tour à tour film de guerre, récit d’évasion puis carrément biblique le tout mâtiné d’un esprit western que n’aurait pas renié un John Ford, Suprématie s’impose comme une cure de jouvence salvatrice.
Mais aussi comme un modèle de savoir-faire. Andy Serkis- dont la prestation mériterait bien une petite nomination en mars prochain – et ses collègues simiesques livrent des performances impressionnantes. Comme le démontrent les séquences d’une intensité folle entre le colonel (Woody Harrelson dans une composition sous influence Brando magistrale) et César, le studio Weta atteint ici le nirvana de la motion capture, au point de faire totalement disparaître la technique au profit de la pure émotion.
Malgré quelques minuscules longueurs lors des scènes dans le camp militaire et la légère déception d’une guerre que l’on imaginait différente mais parfaitement contrebalancée par la charge politique qui s'en dégage, Suprématie réussit le tour de force d’être le meilleur épisode de la nouvelle trilogie. Une sacré gageure dans l’univers avant tout mercantile des suites hollywoodiennes.
Publié le 03/08/2017 par Laurent Pécha