Pays : USA
Durée : 2h02
Genre : Action
Sortie : 27 juin 2018
Réalisateur : Stefano Sollima
Distribution : Benicio Del Toro, Josh Brolin, Isabela Moner, Catherine Keener, Christopher Heyerdahl, Matthew Modine
Histoire : Les cartels mexicains font régner la terreur à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Rien ni personne ne semble pouvoir les contrer. L'agent fédéral Matt Graver fait de nouveau appel au mystérieux Alejandro pour enlever la fille du baron d'un des plus gros cartels afin de déclencher une guerre fratricide entre les gangs.
En quelques minutes d’une efficacité redoutable, Stefano Sollima met tout le monde en confiance. L’introduction de Sicario, la guerre des cartels montre que le cinéaste rital était le choix parfait pour reprendre l’univers créé par Villeneuve et son scénariste Taylor Sheridan. En l’espace d’une poignée de séquences impressionnantes, il reprend à sa sauce les scènes phares du film original en les boostant par une mise en scène où chaque plan est pensé avec une science de l’espace et du beau (la séquence du supermarché imprime durablement la rétine). Aucun doute possible, après les formidables ACAB et Suburra, on tient bien là un réalisateur d’exception. Et comme, Taylor Sheridan semble encore plus inspiré que par le passé, Sollima a de quoi s’amuser pour sa première incursion américaine.
Dans une presque version non officielle de Army of two, le nouveau duo accompagné par des collaborateurs tout aussi méritants que leurs prédécesseurs (il faut saluer l’énorme travail accompli par Hildur Guðnadóttir et sa musique omniprésente qui maintient une tension extrême, le découpage démentiel de Matthew Newman lors des nombreux gunfights ou encore la magnifique photo du chef opérateur attitré des derniers Ridley Scott, Dariusz Wolski, qui tient la dragée haute à celle de Roger Deakins) ne fait pas dans la demi-mesure.
Avec l’idée qu’un bon trafiquant de drogue est un trafiquant de drogue mort, ils foncent bille en tête à l’image des têtes d’affiche, les revenants, Josh Brolin et Benicio Del Toro. Ces deux-là en connaissent un rayon pour atteindre leur but coûte que coûte. Le compromis, ils ne connaissent pas et comme le dit le ministre de la défense en engageant Matt Graver (Brolin), on fait appel à eux quand ça devient sale. Entre interrogatoire explosif au sens littéral du mot, assassinat sans amertume dans les rues de Mexico ou encore enlèvement tonitruant en plein centre-ville, le duo laisse du monde sur le carreau. Et le spectateur de se réjouir d’un film, qui contrairement à son prédécesseur, ne se perd dans les questionnements moraux assez vains d’Emily Blunt.
Malgré tout le bien que l’on pense de la comédienne, on est presque étonné de voir à quel point elle ne nous manque pas. Il faut dire qu’en matière de charisme, Brolin et Del Toro, c’est presque ce que l’on fait de mieux sur terre aujourd’hui. Alors quand ils ont enfin de la matière pour développer leur jusqu’au-boutiste personnage, on obtient un duo d’action comme on en voit rarement au cinéma. Ils font parler les armes sans pour autant oublier de faire naître de l’émotion (la très belle relation entre Alejandro et sa jeune prisonnière, campée avec une conviction phénoménale par une Isabela Moner promise à une sacrée carrière).
Sans faire aucune concession (la charge politique sous-jacente claque en quelques phrases jubilatoires), sacrément malin lorsqu’il s’agit de réunir ses diverses intrigues, violent sans jamais être complaisant, constamment conscient qu’un visage et regard valent mieux que tous les mots de la terre (on n’est pas le fils de son père pour rien), Stefano Sollima entre dans l’arène hollywoodienne de la plus éclatante des façons. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il continue de la dynamiter comme il vient de le faire avec Sicario, la guerre des cartels. Une suite qui rentre instantanément dans la courte liste des œuvres ayant dépassé de la tête et des épaules leur prédécesseur.
Publié le 26/06/2018 par Laurent Pécha