Pays : USA
Durée : 2h15
Genre : Science-fiction
Sortie : 23 mai 2018
Réalisateur : Ron Howard
Distribution : Alden Ehrenreich, Woody Harrelson, Emilia Clarke, Donald Glover, Thandie Newton, Paul Bettany
Histoire : Embarquez à bord du Faucon Millenium et partez à l'aventure en compagnie du plus célèbre vaurien de la galaxie. Au cours de périlleuses aventures dans les bas-fonds d'un monde criminel, Han Solo va faire la connaissance de son imposant futur copilote Chewbacca et croiser la route du charmant escroc Lando Calrissian... Ce voyage initiatique révèlera la personnalité d'un des héros les plus marquants de la saga Star Wars.
Après avoir acheté la poule aux œufs d’or (LucasFilm et tout l’univers Star Wars qui va avec), Disney avait bien l’intention de rentabiliser au plus vite son énorme investissement. Non content de prolonger l’histoire officielle instaurée par Lucas en 1977 avec déjà deux réussites commerciales impressionnantes (surtout Le Réveil de la force), la firme de Mickey s’est lancée avec succès dans les récits en marge, les fameux spin-off qui se rattachent à l’univers et éclairent un peu mieux des zones évoquées dans les divers épisodes. Cela a commencé avec Rogue one très bien accueilli par le public et la critique (au point de le voir souvent citer dans les tous meilleurs films de la saga) et c’est désormais à peine 6 mois après la sortie des Derniers Jedi au tour de Solo de débarquer.
Comme son nom l’indique, il est ici question d’un des personnages phares de Star Wars. Le fameux contrebandier incarné par Harrison Ford est en effet un anti-héros qui a marqué de nombreuses générations de spectateurs. Et on nous propose ici de découvrir sa jeunesse avec l’ambition de nous faire comprendre comment il est devenu le Han Solo que l’on adore. Pourquoi pas même si quelque part l’imaginaire de tout à chacun est souvent bien plus efficace qu’une version officielle imposée par des créateurs qui reprennent la main pas forcement pour des intentions purement artistiques.
Et comme le projet a vu se faire débarquer les réalisateurs attitrés en cours de tournage (les deux trublions de Tempête de boulettes géantes et La grande aventure Lego) pour retrouver à la place un vétéran bien connu pour généralement faire des films plus ou moins efficaces mais souvent très oubliables, Ron Howard (Apollo 13, Backdraft mais aussi Da Vinci Code et ses suites). Un cinéaste qui aurait visiblement retourné presque 80% du film et qui donc, laissait imaginer un film ultra calibré et sans saveur.
C’est en partie vrai et la presse l’a globalement assassiné lors de son passage au festival de Cannes. Sauf que si effectivement, Solo ne laissera pas un grand souvenir dans l’Histoire du 7ème art et ne peut à aucun moment rivaliser avec les meilleurs des épisodes de la saga, il n’en demeure pas moins un divertissement extrêmement plaisant, surtout dans son premier tiers.
En bon vieux routier Hollywood capable parfois de miracle (on ne dirait jamais assez combien Rush est formidable), Ron Howard a œuvré dans presque tous les genres au cours de sa longue carrière en tant que réalisateur mais aussi acteur (l’éternel Richie Cunningham de la série culte Happy days). Et l’on retrouve sa capacité à mélanger les genres dans cette aventure intergalactique qui lorgne du côté du western, du film de guerre et d’aventures. A l’image d’une grosse première demi-heure menée à un train d’enfer qui se conclut par une haletante séquence d’attaque d’un train, le film joue la carte d’un cinéma référentiel sans prétention. On y prend du plaisir même si on le sait très éphémère et on s’amuse à anticiper tous les check-points que la production va nous asséner pour coller à ce que l’on sait déjà.
De ce côté-ci, tout n’est pas réussi, certains passages sont même un peu trop faciles (la révélation du nom de notre héros) mais il y a de vraies belles réussites comme la première rencontre musclée entre Solo et son futur fidèle compagnon, Chewbacca, sans doute la scène la plus stimulante du film. Un Chewie qui vole le plus souvent la vedette à son partenaire même si le très décrié Alden Ehrenreich s’en sort plutôt pas mal en essayant jamais de singer Harrison Ford. Autour de lui gravitent des personnages que le récit ne laisse pas vraiment le temps d’explorer en profondeur. Le personnage féminin incarné par Emilia Clarke, est ainsi sacrifié alors qu’on ressent plus d’une fois à quel point sa relation avec Solo aurait dû être bien plus encore le pivot émotionnel du film. Le rôle du mentor du héros qu’interprète Woody Harrelson, en mode routier du circuit rompu à l’exercice, a bien quelques jolies séquences à son actif sans pour autant marquer durablement les esprits. La bonne surprise vient de Donald Glover qui incarne un Lando Calrissian à la fois assez proche de l’image que l’on s’en faisait lorsqu’il était joué par Billy Dee Williams tout en étant déroutant mais toujours amusant dans certaines situations (son rapport aux robots en tête qui donne l'occasion de découvrir un inédit droïde des plus attachants).
Magnifiquement photographié, disposant d’un soin impeccable dans les décors, ne donnant jamais l’impression d’avoir été retapé à l’arrache (les effets spéciaux sont impeccables à l’image de cette belle séquence de poursuite spatiale avec son monstre très lovecraftien), Solo remplit avec application et décontraction le cahier des charges imposé par Kathleen Kennedy et sa team. Sans plus ! Il est le reflet de notre époque. On peut s’en plaindre évidemment mais on peut aussi y retrouver un certain plaisir régressif et se rappeler qu’à une époque, Star wars, c’était aussi un enfant en train de jouer aux cowboys et aux indiens avec des figurines dans sa chambre.
Publié le 23/05/2018 par Laurent Pécha