Pays : USA
Durée : 2h30
Genre : Science-fiction
Sortie : 6 décembre 2017
Réalisateur : Rian Johnson
Distribution : Daisy Ridley, Mark Hamill, Carrie Fisher, John Boyega, Adam Driver, Oscar Isaac, Benicio Del Toro, Laura Dern, Kelly Marie Tran
Histoire : Pendant que Rey tente de convaincre Luke Skywalker de la former, les rebelles sont sur le point d'être anéantis par les forces du Premier Ordre. Le sort de la galaxie est-il vraiment entre les mains du dernier des jedi...
Depuis le rachat de LucasFilms par Disney, la machine ne faiblit plus. Au rythme annuel, la planète entière bouffe du Star Wars que ce soit avec la ligne officielle, celle qui continue directement l’histoire inventée par George Lucas en 1977 ou avec les spin-off comme Rogue one (à venir, Solo, sur les aventures de…Han Solo jeune). Et la planète semble vraiment apprécier cela puisque Le Réveil de la force a dépassé les 2 milliards de dollars de recettes au box-office mondial (un peu plus d’un milliard pour Rogue one). Il faut dire qu’avec J.J. Abrams aux commandes, la nostalgie était de mise et l’adhésion facile quand on tend à réutiliser toutes les ficelles de la trilogie originelle. Au point de se demander si vraiment la saga avait encore une capacité réelle à surprendre, voire tout simplement l’intention de le faire…
Il ne faut qu’une poignée de minutes au remplaçant de JJ, Rian « Looper » Johnson pour nous prouver que Les derniers Jedi va être d’une toute autre envergure. Pour preuve cette séquence inaugurale qui, en l’espace de quelques instants, passe d’une scène totalement loufoque que l’on pourrait croire sortie de La Folle histoire de l’espace de Mel Brooks à un sommet de suspens à l’empathie déchirante pour un personnage que l’on vient de découvrir il y a tout juste deux minutes. Embarquez dans cet épisode en toute tranquillité, il y a un réalisateur et un scénariste à bord !
S’il y a un point commun entre cet épisode 8 et son devancier, c’est bien de brosser le fan dans le sens du poil en faisant écho à des moments qui sont restés à jamais cultes. Mais là où Abrams se contentait ou ne savait pas dépasser le cadre de l’hommage-pompage (tout à fait sympathique au demeurant), Rian Johnson le transfigure constamment. On a à peine le temps d’assimiler le clin d’œil, la référence que le réalisateur s’accapare la chose pour en proposer une version totalement inédite. La sienne ! Pour preuve, l’extraordinaire dernière demi-heure du film, qui aurait pu devenir un remake à peine déguisé de l’ouverture de L’Empire contre-attaque et qui par la grâce d’une mise en scène sublime devient l’une des plus grandes scènes de la saga. Un moment anthologique que l’on a hâte de revoir à l’infini. Sans doute aussi pour pouvoir se pâmer devant des plans à la beauté fulgurante faisant entrer encore plus Luke Skywalker au nirvana des héros cinématographiques.
L’incroyable réussite des Derniers Jedi vient de la capacité inouïe de Rian Johnson à être parvenu à faire la synthèse de tous les Star wars.
Car, si Le Réveil de la force renvoyait incontestablement à la première trilogie, Rian Johnson n’oublie pas pour autant les amoureux de la prélogie. On y retrouve ainsi ce goût pour le plan pictural, la volonté d’offrir quelques bestioles (numériques) terriblement attachantes (les porgs vont être les nouvelles coqueluches des plus petits) sans oublier un sens politique non négligeable (qu’apporte l’étonnant personnage incarné avec malice par Benicio Del Toro). Le naturel avec lequel le cinéaste parvient à faire juxtaposer toutes les nuances nées de la saga laisse pantois d’admiration.
Mais le bougre ne s’arrête pas là et réussit ce que l’on ne croyait plus voir dans un Star wars : proposer des personnages qui ont de la moelle. Dire qu’on était resté sur sa faim avec les nouveaux personnages créés par J.J. Abrams est un doux euphémisme. Le monsieur avait certes eu le mérite de les esquisser mais à aucun moment, hormis Rey, il n’avait su nous transporter comme l’avaient fait en son temps les héros de la première trilogie. A l’image de Poe qui a enfin de la consistance (au point de voler la vedette plus d’une fois), ou encore de Finn qui forme un très touchant duo avec la nouvelle venue, Rose Tico (Kelly Marie Tran), on est constamment impliqué émotionnellement dans leurs choix, souvent cornéliens et plus d’une fois déroutants et surprenants. La grande surprise dans ce domaine venant de Kylo Ren, qui ne sombre jamais dans une caricature de vilain petit canard énervé et frustré mais devient sous l’interprétation fiévreuse d’Adam Driver un méchant digne des plus grands.
Et que dire de Luke et Leia, ces deux figures mythiques nous rattachant à nos premiers amours « star wars ». Tout simplement inoubliables, les deux acteurs trouvent ici l’occasion de montrer à quel point il fut longtemps injuste de ne pas les avoir vus comme les grands comédiens qu’ils sont (ou ont été). Chacune de leurs apparitions se gorge d’une émotion rare, surtout pour Carrie Fisher, tragiquement disparue l’an dernier, et incarnant pour l’ultime fois notre « loving princess » comme le rappelle délicatement le générique de fin avec l’attendue dédicace.
Au son de la bande originale toujours composée par un John Williams en grande forme, Les derniers Jedi file avec la conviction du vieux briscard qui a tout compris sur les attentes démesurées placées en lui. Il jongle avec toutes les figures imposées de l’univers Star Wars, s’offre sans cesse des moments phares qui impriment la rétine comme rarement (voir le design et la beauté de l’antre de de Snoke et mourir) et n’oublie littéralement aucun personnage sur le bord de la route. En l’espace de deux heures trente que l’on ne voit pas passer, on a rajeuni et retrouvé l’absolu plaisir de la saga la plus mythique que le 7ème art ait jamais enfanté. Reste à espérer désormais que J.J. Abrams a bien pris des notes pour l’Episode 9.
Publié le 12/12/2017 par Laurent Pécha