Si l’influence majeure d’Henri Henri, disponible depuis vendredi dernier sur notre plate-forme, est bien évidemment Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain, il ne sera pas question du film de Jean-Pierre Jeunet dans ce top puisqu’il n’a jamais trouvé grâce à nos yeux (et voilà, on a perdu presque tous nos lecteurs avec cette phrase lapidaire). Il faut dire que hormis le premier film de ce top dont la qualité est plus que discutable mais qui possède un sacré personnage candide qui l’a repêché, l’entrée dans un tel top fut des plus ardues eu égard à la qualité des œuvres en compétition. Pour preuve, aucune trace d’un Pierre Richard qui est sans doute l’un des plus merveilleux interprètes de la candeur au cinéma.
Wonder Woman (2017) de Patty Jenkins
Certes, le film est loin d’être une grande réussite, mais son héroïne parvient à se montrer très attachante. Elle est l’incarnation parfaite de la candeur, guerrière d’un monde oublié qui ne connaît absolument pas la perfidie et la méchanceté de l’Homme. Dans le rôle, Gal Gadot se montre absolument parfaite en sachant habilement jouer la carte de cette super-héroïne plus portée sur le peace and love que la castagne.
Big (1988) de Penny Marshall
On triche un peu ici puisque notre héros est un enfant coincé dans un corps d’adulte. Alors, évidemment, la candeur de Tom Hanks saute aux yeux de tous les adultes qu’il croise, provocant quantité de séquences souvent très loufoques. L’occasion pour le film de rappeler avec humour et émotion que la nostalgie n’est jamais mauvaise quand elle permet de nous ramener sur le bon chemin, celui où l’on se rappelle pourquoi et comment la vie mérite d’être vécue. Une cure de jouvence à consommer régulièrement pour un film qui a fini par gagner ses galons de petit classique de la comédie US. Et accessoirement de se rappeler à quel point Tom Hanks est absolument génial dans l’un de ses meilleurs rôles.
Tarzan l’homme singe (1932) de W.S. Van Dyke
Des versions de Tarzan, il y en a plus beaucoup au cinéma. Mais, celle où la candeur du personnage créé par Edgar Rice Burroughs est la plus évidente revient haut la main au film qui fit de Johnny Weissmuller une star mondiale. Malgré le poids des années, le long-métrage de W.S. Van Dyke continue toujours de nous émouvoir autant quand Tarzan et Jane apprennent à se connaître. La preuve avec cette séquence célèbre indémodable.
Bienvenue Mister Chance (1979) de Hal Ashby
Ultime grand rôle de l’immense Peter Sellers, Mister Chance donne l’occasion au célèbre interprète de Clouseau dans la série des Panthère rose, de montrer un visage bien loin des facéties comiques qui ont fait sa gloire. En incarnant ce jardinier vierge de tout passé qui va bouleverser les gens qu’il rencontre par la simplicité de son jugement, Sellers se montre bouleversant. Entre fable et satire, Hal Ashby trouve constamment le ton juste et signe avec Bienvenue Mister Chance un des grands films des années 70. Une œuvre malheureusement trop souvent oubliée quand on évoque cette décennie faste du cinéma américain.
Edward aux mains d’argent (1990) de Tim Burton
Entre onirisme, poésie et critique sociale, Tim Burton trouve là l’inspiration d’une vie. Si la filmographie du monsieur est remplie de grand films (Batman le défi, Ed Wood en tête), Edward aux mains d’argent est sans doute son chef d’œuvre artistique. A travers les yeux d’un personnage dont il a le secret (une créature coupée du monde ayant des ciseaux à la place des mains) et formidablement campé par Johnny Depp (dans son meilleur rôle), Burton livre une œuvre fantastique à la morale bouleversante prônant l’acceptation de la différence.
L’Extravagant Mr. Deeds (1936) de Frank Capra
Bien que moins candide que son homologue Mr Smith (que l'on retrouve plus bas), Mr Deeds est un homme tout aussi simple qui croit en la bonté de l’âme humaine. Héritant d’une fortune colossale, il cherche à faire le bien autour de lui, provoquant la raillerie d’une société aisée. Conte humaniste bouleversant, porté par un Gary Cooper royal (que le cinéaste retrouvera dans le formidable L’Homme de la rue qui aurait pu se retrouver dans ce classement), le film de Capra s’offre lui aussi un final inoubliable où le jusqu’au boutiste Deeds saura imposer sa vision de la vie à ses plus féroces détracteurs.
Les Vacances de Monsieur Hulot (1953) de Jacques Tati
Un incontournable du genre. Entre pur burlesque et chronique satirique d’un monde qui n’a finalement pas beaucoup changé, le film de Tati est une ode aux plaisirs simples. Avec sa dégaine reconnaissable entre mille, porté par une musique lancinante qui trotte dans la tête, Monsieur Hulot est le seul congénère de cet hôtel de la plage à comprendre la signification du mot vacances. Le contraste entre lui et les autres vacanciers donne lieu à certaines des plus belles séquences de comédie que le cinéma français ait pu nous offrir.
Forrest Gump (1994) de Robert Zemeckis
Le plus célèbre des héros candides. Une pluie d’Oscars (meilleur film, réalisateur, acteur,…), un succès colossal au box-office mondial pour un classique moderne du cinéma américain. Et pourtant, le film avait tout pour se transformer en guimauve insupportable avec son personnage qui traverse l’Histoire des Etats-Unis en y participant souvent presque contre son gré, en toute insouciance. Mais la magie opère grâce à Tom Hanks, dans un rôle qu’il était né pour jouer, et le surdoué Zemeckis qui trouve là le récit bigger than life qui le fit définitivement changer de statut.
Mr Smith au Sénat (1939) de Frank Capra
Quand on pense candeur au cinéma, les films de Capra viennent tout de suite en mémoire. Le cinéaste américain en fait son cheval de bataille et il a toujours eu cet attachement sans faille pour les héros qui se battent pour des causes nobles avec le plus souvent un cœur pur qui les fait passer pour des êtres candides. Le plus éclatant des exemples vient de ce Mr Smith au Sénat où James Stewart campe un jeune sénateur empli d’idéaux qui va tenter de se dresser contre la corruption qui gangrène Washington. Une œuvre « capitale » de nécessité publique qui culmine dans un final inoubliable où Stewart se lance dans un marathon verbal humaniste qui touche à chaque fois au cœur.
The Party (1968) de Peter Sellers
Bien évidemment numéro 1 de ce top puisque le film de Blake Edwards fait partie des tous meilleurs de tous les temps. Pour beaucoup, l’œuvre la plus drôle jamais portée sur un écran, The Party met en scène le plus candide des personnages de cinéma : Hrundi V. Bakshi, acteur indien bigrement maladroit jeté involontairement dans une faune hollywoodienne qui ignore son existence. Jusqu’à cette party aux effets comiques tous plus désopilants les uns que les autres (on ne s’est jamais vraiment remis du gag hilarant de Sellers se retrouvant en un plan à l’opposé de l’endroit où il vient de commettre une gaffe) qui offre la satire la plus féroce jamais vue sur l’industrie cinématographique. Rien que d’écrire ces quelques lignes nous a donné envie de revoir ce monument dont la vision devrait être remboursée par la sécurité sociale.
Publié le 24/09/2018 par Laurent Pécha