Il y a parfois des évidences quand on choisit les films d’un top. Ce ne fut pas le cas ici tant le 7ème art a abondamment utilisé la figure de la prostituée. La liste des oubliés ou plutôt des laissés de côté aurait pu permettre de faire facilement un top 20 ou 30.
Pretty woman (1990) de Garry Marshall
Le film qui fit de Julia Roberts une star internationale. Et dire que la comédienne dut son rôle au désistement d’une liste interminable d’actrices de renom qui ne voulaient pas jouer une prostituée. Et le film ne devait pas être une comédie romantique à la base et devait avoir une fin sombre. Bref, les planètes étaient alignées pour faire de Pretty woman l’une des comédies les plus attachantes de ces 30 dernières années. Et on se lassera jamais du rire contagieux de Julia.
Maudite Aphrodite (1995) de Woody Allen
Là aussi, c’est le film de la révélation pour Mira Sorvino avec un Oscar du meilleur second rôle à la clé. Mais contrairement à Julia Roberts, la comédienne n’a pas confirmé par la suite et a trouvé à la télévision une voie de garage. Qu’importe, elle peut se prévaloir d’avoir illuminé de son jeu tout en fraîcheur ingénue un Woody Allen, qui plus est un très bon cru du cinéaste new-yorkais.
Klute (1971) de Alan J. Pakula
Les rôles de pute, ça rapporte des Oscars. La preuve avec Jane Fonda qui gagna sa première statuette dorée en interprétant une prostituée new-yorkaise dans un thriller de grande tenue signé par un des maîtres du genre dans les années 70.
Leaving Las Vegas (1995) de Mike Figgis
Et on continue dans les récompenses qui pleuvent. Sauf que cette fois-ci, Elizabeth Shue a dû se contenter d’une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice, laissant son partenaire, Nicolas Cage, remporter la précieuse statuette. Et c’est presque injuste dans cette bouleversante histoire d’amour entre un scénariste alcoolique et une prostituée chaleureuse doit autant à l’un qu’à l’autre.
La petite (1978) de Louis Malle
Le film qui fit scandale à Cannes lors de sa présentation car il montrait une jeune fille de 12 ans s’adonner à la prostitution. Et pourtant, Taxi driver et Jodie Foster avaient déjà montré la voie 4 ans plus tôt. Mais le film de Louis Malle est axé sur cette héroïne faisant face à la sordidité de son sort de manière presque désarmante pour le spectateur qui ne sait plus comment appréhender le récit. Dans le rôle-titre, Brooke Shields est une sacrée révélation, mais c’est également le sommet artistique d’une carrière qui n’aura jamais décollé du moins au cinéma.
Girlfriend experience (2009) de Steven Soderbergh
Steven Soderbergh est un cinéaste prolixe et inégal. Son Girlfriend experience se situe dans la version inspirée de sa dernière décennie. En choisissant une ex-star du X comme actrice principale, le réalisateur a vu juste. Sasha Grey est absolument géniale dans le rôle de cet escort de luxe. La manière dont on a de rentrer dans son intimité s’avère constamment troublant et fait du film de Soderbergh une inoubliable expérience. A noter que le film a inspiré une série au moins tout aussi réussie.
Les Nuits de Cabiria (1957) de Federico Fellini
Difficile de ne pas citer Fellini dans un tel univers. Après une Strada révélatrice, le cinéaste italien est déjà en mode croisière de films marquants. Filmant sa muse et femme, Giulietta Masina, le réalisateur dresse un portrait de prostituée terriblement attachant. Avec sa bouille inégalable, Masina conquit les cœurs (prix d’interprétation à Cannes) et l’empathie est constante pour cette jeune femme qui tente vaille qui vaille de se sortir d’une vie peu gratifiante.
La Rue de la honte (1956) de Kenji Mizoguchi
Ultime film du grand cinéaste japonais, La Rue de la honte est sans doute l’œuvre qui fait le plus écho à notre film de la semaine, American town. Il est dans les deux cas question de l’étude d’un microcosme de femmes vivant de la prostitution. Grâce à une mise en scène d’une précision inouïe, Mizoguchi nous fait entrer dans l’intimité quotidienne de ses personnages féminins forts qui tentent de se construire un avenir meilleur tout en revendiquant leur statut mis en danger. Ou comment le plus vieux métier du monde se transforme en parfait reflet de la société nippone de l’époque.
Belle de jour (1967) de Luis Buñuel
Un des plus grands films de son auteur et l’un des plus beaux rôles de son actrice principale. C’est dire à quel point la rencontre Buñuel-Deneuve marque les esprits ici. Faisant magnifiquement honneur au titre du film, l’actrice française n’a peut-être jamais paru aussi troublante. Jamais voyeuriste, jouant avec cet humour noir si caractéristique tout en s’amusant de l’onirisme de son récit, le film de Buñuel nous fascine toujours autant à chaque vision, donnant cette étonnante impression paradoxale d’être à la fois suranné et moderne.
Les jours et les nuits de China Blue (1984) de Ken Russell
Film trop oublié dans l’inégale mais toujours sulfureuse carrière de Ken Russell, Les jours et les nuits de China Blue (on adore une fois n’est pas coutume, le titre français qui dit presque tout) est une œuvre totalement folle qui ne s’embarrasse d’aucun tabou, à l’image de sa divine héroïne qui assume jusqu’au bout sa sexualité dans un monde d’hommes qui la cherche encore. Dans le plus grand rôle de sa carrière, Kathleen Turner passe par toutes les émotions, s’abandonne complètement dans un univers jamais sordide malgré une mise en images très crue. Très, très grand film !
Publié le 03/07/2018 par Laurent Pécha