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Qui va gagner ?

Borg/Mcenroe vs Battle of the sexes

Le 8 novembre sort Borg/McEnroe. Le 22, c'est au tour de Battle of the sexes. Deux films en moins d'un mois sur le tennis. L'occasion de les faire s'affronter pour voir qui va remporter la battle des films de tennis.

Le cinéma n’a jamais été très généreux avec le tennis. Certes, Alfred Hitchcock s’en est servi pour concocter une superbe séquence de suspense dans L’Inconnu du Nord-Express. Mais les bons films autour du jeu de balles où Federer gagne presque toujours à la fin se comptent sur les doigts d’une toute petite main. Au point qu’on a envie de citer en premier Match point alors même que l’opus de Woody Allen s’intéresse bien plus aux courbes de Scarlett Johansson qu’au sort de la petite balle jaune passant le filet. Il reste alors à se rabattre sur l’honorable comédie romantique La plus belle victoire où Paul Bettany tente de gagner le cœur de Kirsten Dunst tout en retrouvant une gloire qui lui a toujours échappé sur le central de Wimbledon. Bref, il était temps que le tennis soit mis à l’honneur dans nos salles obscures. Hasard du calendrier, en l’espace de trois semaines, ce ne sont pas moins de deux films qui vont tenter de relever le challenge. Et avec comme point commun de mettre en images deux histoires vraies. D’un côté la finale légendaire qui a opposé Borg à McEnroe en 1980. De l’autre la bataille des sexes qui a vu Billie Jean King affronter Bobby Riggs en 1973.

L’occasion de mettre en opposition les deux films et voir qui remporte la « battle of the tennis movies ». C’est parti pour le match Borg/McEnroe vs Battle of the sexes.

 

CONTEXTE HISTORIQUE

La partie s’annonce coriace entre les deux adversaires de toute évidence bien plus compétitifs que leurs prédécesseurs. Il est difficile de les prendre à défaut tant les deux films nous plongent avec une justesse confondante dans leur époque respective. Battle of the sexes a l’avantage d’un budget conséquent et sait magnifiquement bien en jouer.  La direction artistique est irréprochable et les 70’s sont à porter de rétine. Pour autant, le film du duo de Little miss Sunshine doit jouer sur plusieurs tableaux (match de tennis, libération sexuelle, égalité des droits hommes-femmes) alors que Borg/McEnroe fonce bille en tête et se concentre uniquement sur l’enjeu de remporter Wimbledon tout en liant les dilemmes des personnages autour de l’avancée dans le tournoi.

Après un long rallye où les superbes coups s’enchaînent, Borg/McEnroe passe un coup droit en force le long de la ligne.

15-0

 

 

DRAMATISATION DU RECIT

L’emprise de Borg/McEnroe est réelle sur le court. Le film de Janus Metz Pedersen ne perd jamais son objectif du regard. Il y a une montée parfaitement maîtrisée du suspense jusqu’au point d’orgue et ce mythique tie-break du quatrième set de la finale. De l’autre côté du filet, ça part un peu dans tous les sens, on hésite à monter au filet, on sent bien que l'on a les armes pour s’imposer avec ce double enjeu amour lesbien secret et match des sexes, mais faute d’une concentration maximale, le lob de Borg/McEnroe laisse aucun espoir

30-0.  

 

MIMETISME DES COMEDIENS

Acculé, Battle of the sexes doit sortir le grand jeu pour rester dans la partie. Et avec la tenante du titre de l’Oscar de la meilleure actrice (Emma Stone) associée au comique le plus versatile de sa génération (Steve Carell), le film en impose sacrément. Ils incarnent sublimement Billie Jean King et Bobby Riggs et comme les personnages gravitant autour des deux antagonistes ne sont pas très connus, on se dit que le point est quasi acquis. Sauf qu’en face, Borg/McEnroe prend des risques qui s’avèrent bougrement payants. Le quasi inconnu Sverrir Gudnason est un Borg plus vrai que nature. Pour l’incarner jeune, les auteurs du film sont allés chercher rien moins que le propre fils du champion suédois (effet saisissant assuré). Et pour incarner l’enfant terrible du tennis américain, ils ont la géniale (et désormais évidente) idée de prendre tout simplement son pendant masculin dans le cinéma US : Shia LaBeouf. Même si le film le sacrifie un peu trop au profit de Borg, l’acteur a tout le loisir de nous n’offrir quelques excès de colère dont il partage le goût avec le champion d’origine irlandaise. Un régal de tous les instants qui nous fait (presque) oublier que les deux hommes ne se ressemblent pas beaucoup. Comme en plus, les autres figures mythiques de cette époque (Peter Fleming, Vitas Gerulaitis) ont le droit un traitement plus que satisfaisant, la montée rageuse au filet de Borg/McEnroe se finit par une amortie imparable malgré la course effrénée de Battle of the sexes.

40-0.

shia labeouf dans borg/mcenroe

 

MISE EN IMAGES DU TENNIS

La partie semble jouer. Battle of the sexes se défend comme un beau diable mais Borg/McEnroe semble imbattable. A l’image de l’aisance inouïe de l’américain au filet, il propose des échanges de tennis particulièrement impressionnants. On est loin au recours douteux au tout numérique dans les parties de La plus belle des victoires. La finale est ainsi un sacré moment d’anthologie avec un suspense redoutable surtout pour qui ne connaît pas l’issu du tie-break légendaire. Borg/McEnroe est au filet et semble donc bien impassable. Prêt à remporter le jeu et le match.

Seulement voilà, Battle of the sexes est encore debout et du fond du court se prépare à lancer un passing en bout de course qui va transpercer l’orgueilleux volleyeur. Pour ce faire, Jonathan Dayton et Valerie Faris optent pour une mise en images totalement gonflée : la partie de tennis comme si on la regardait retransmise à la télévision. Aucun effet de montage, juste un plan large permettant de voir de vrais points. On est tout d’abord surpris, presque déçu que cela ne fasse pas très cinéma mais au bout de quelques instants, c’est magique et l’affrontement King-Riggs parvient à faire fi du manque de suspense de la partie originale (Spoiler : King ayant écrasé Riggs en trois petits sets).

Les deux réalisateurs nous ont d’ailleurs confié leurs secrets de fabrication lors de leur venue à Paris pour la promotion du film : « Cela a été très important de filmer de manière juste les parties de tennis. Il n’y a pas de bons films sur le tennis. On a donc engagé des joueurs de tennis professionnels pour les points les plus spectaculaires. On a également étudié le match original et on a effectivement choisi de le filmer avec des plans larges afin que les spectateurs puissent voir les deux joueurs et suivent la balle. Nous n’avons pas utilisé le moindre effet spécial concernant la balle de tennis. Il n’y a que de vrais échanges dans le style de 1973. Nous étions intéressés par le spectacle de cette partie. Durant le film, vous êtes proches des personnages, vous les découvrez dans leur vie intime mais une fois que le match démarre, vous êtes placés comme le public et vous réalisez que 90 millions de personnes sont alors en train de regarder cette partie. »

Ils ont vu juste et Borg/McEnroe n’a plus qu’à regarder la balle passer devant ses yeux et s’écraser sur la ligne de fond.

40-15

 

 

IMPORTANCE THEMATIQUE

 La confiance aurait-elle changé de camp ? Peut-être bien tant Battle of the sexes joue sur du velours dans le secteur de l’impact thématique. A l’instar de leur titre respectif, on doit comparer ici un affrontement entre deux hommes face à un affrontement entre deux sexes.  Borg/McEnroe a beau jouer constamment entre l’opposition totale entre ses deux protagonistes pour finalement nous faire comprendre qu’ils ne sont pas si différents que ça ou plutôt qu’ils se complètent parfaitement, Battle of the sexes nous plonge dans la bataille toujours actuelle pour faire imposer une égalité des sexes. On plonge dans les premières heures de la rébellion et avec un chef de file aussi inspiré qu’Emma Stone, on a l’impression de faire acte militant. Girl power et un gros ace dans le coin pour revenir dans le match.

40-30

 

 

FILM DE CINEMA

Va-t-on assister à la remontée du siècle ? Tout est désormais possible et le coup décisif semble être dans la raquette de chacun des joueurs. Devant le talent des deux adversaires, on aurait presque envie qu’il n’y ait pas de gagnant. Mais le match nul au tennis est impossible. Il nous faut un vainqueur. Après un festival de superbes coups, la logique est respectée puisque c’est le film le plus carré, le plus efficace, celui qui ne perd jamais de vue son objectif premier, celui qui prend le filet sans trop se poser de questions qui remporte le match. Borg/McEnroe  fait un beau vainqueur. Momentanément du moins, l’Histoire nous rappelant que les vaincus sont parfois plus mémorables que leurs bourreaux.

Jeu, set et match Borg/McEnroe.

Publié le 07/11/2017 par Laurent Pécha

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