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La saga Halloween : Du pire au meilleur

Ce mercredi 24 octobre, une semaine avant Halloween, sort le nouvel épisode de la saga initiée par John Carpenter en 1978. 11 films en 40 ans. L’occasion de tous les (re)voir et de trancher pour obtenir notre classement du pire au meilleur. Et de découvrir si la cuvée 2018 est un bon cru.


 

11

Halloween 6 : La malédiction de Michael Myers (1995) de Joe Chapelle

Halloween 6 : La malédiction de Michael Myers (1995) de Joe Chapelle

Pour : L’occasion de (re)découvrir un tout jeune Paul Rudd dans une de ses premières apparitions ciné et son premier « grand » rôle. Dire adieu à Donald Pleasence dans sa dernière apparition en Docteur Loomis, le comédien décédera quelques mois avant la sortie du film.  

paul rudd dans Halloween 6 : La malédiction de Michael Myers (1995) de Joe Chapelle

Contre : Mal partie depuis le numéro 4, la franchise ne sait plus où elle va même s’il faut lui reconnaître son côté jusqu’au-boutiste avec le maintien de son arc narratif complètement stupide que le 5 avait cherché à établir. On se demande encore comment des scénaristes sains d’esprit et non drogués ont pu se dire un jour que Michael Myers contrôlé/convoité par une secte qui lui vouerait un culte, serait une bonne idée d’intrigue. N’offrant aucun meurtre digne d’intérêt visuellement, cet opus 6 se conclut même abruptement dans la confusion la plus totale avec à la clé une énième disparation en mode Scooby-Doo de Michael.

 

10

Halloween 5 (1989) de Dominique Othenin-Girard

Halloween 5 (1989) de Dominique Othenin-Girard

Pour : Pour les pressés, le film a l’avantage de commencer par le climax du 4 ce qui permet de zapper ce très médiocre épisode. On est toujours content de voir Donald Pleasence et son cultissime imperméable. La future scream queen du pauvre, Danielle Harris, se donne un mal fou à tenter de rendre crédible le lien télékinésique entre Jamie et Michael. Le jeu de cache-cache entre la nièce et l’oncle possède quelques moments réussis, notamment la séquence du conduit.

danielle harris dans Halloween 5 (1989) de Dominique Othenin-Girard

Contre : Alors que la fin du 4 laissait la place à une option intéressante avec Michael trouvant une sœur de sang en la personne de sa nièce, les producteurs laissent tomber et partent dans une intrigue « classique » du retour du boogeyman à Haddonfield pour tuer tous ceux qui se trouvent sur son chemin. Avec toutefois l’introduction d’un mystérieux homme en noir qui restera mystérieux jusqu’à l’épisode suivant, ajoutant à cette sensation que personne ne semble savoir quoi faire avec la franchise. Bien évidemment, l’idée du lien télékinésique est bigrement mauvaise et stupide sans même être suffisamment Z pour qu’on rigole ouvertement. Quant aux meurtres, ils sont bien mollement mis en scène par un Dominique Othenin-Girard pas du tout inspiré et que l’on ne reverra plus jamais à pareil fête.  Le pompon de la déprime arrive quand le récit lorgne du côté d’un autre film de Carpenter, Christine, Myers se mettant à tenter d’écraser en voiture sa nièce.


9

Halloween : Résurrection (2002) de Rick Rosenthal

 Pour : Le prologue, très efficace, qui se suffit à lui-même offre une conclusion satisfaisante et triste à l’opposition ancestrale entre Myers et sa sœur, Laurie Strode, toujours incarnée par Jamie Lee Curtis.  Sur le papier, le fait de surfer en 2002 sur l’influence de la télé réalité sur nos comportements quotidiens pouvait susciter de l’intérêt. Même constat sur le fait de jouer avec la multiplication des points de vue grâce aux caméras embarquées sur les personnages investissant l’ancienne maison de Myers. Le film avait un certain potentiel…que l’exécution va complètement ruiner.

halloween resurrection

Contre :  Le rappeur Busta Rhymes singeant Bruce Lee qui assène des high kick à Michael Myers. Voilà, tout est dit, bonsoir ! A l’image de cette séquence nanardesque au possible, le film de Rosenthal rate tout ce qu’il entreprend. Les séquences en caméra embarquée sont illisibles, les comédiens sortent des punchlines qui donnent instantanément envie que Myers les trucide sur-le-champ. Et le boogeyman est tellement mal mis en avant et iconiser que l’on n’a même pas l’opportunité comme avec son comparse Jason de prendre partie pour lui et s’amuser de son (petit) massacre. On ne sait pas où le mettre (pour ou contre) mais la manière dont les scénaristes nous ressuscitent Michael qui avait fini officiellement la tête coupée par sa sœur dans le précédent film (Halloween H20) est un must absolu de grand n'importe quoi.

 

8

Halloween 4 (1988) de Dwight H. Little

Halloween 4 (1988) de Dwight H. Little

 Pour : Le plaisir de retrouver notre boogeyman et son némésis, le docteur Loomis après l’interlude de l’épisode 3. La tentative de reproduire ce qui avait la force du film original. Une fin vraiment surprenante qui questionne l’hérédité du mal.

séquence finale de Halloween 4 (1988) de Dwight H. Little

Contre : Solide technicien de l’action, Dwight H. Little, encore jeune, n’a pas encore trouvé sa vitesse de croisière et il manque à chaque fois quelque chose aux séquences de meurtres. On sent que tout ceci reste avant tout une aventure lucrative et non artistique. Pleasence semble déjà ne plus y croire vraiment. Un Halloween non filmé en cinémascope, c’est forcément frustrant.    

 

7

Halloween (2018) de David Gordon Green

Halloween (2018) de David Gordon Green

Pour : La bonne idée de faire l’impasse sur les épisodes médiocres, voire nuls de la saga et de recommencer comme si seul le film original existait. Le retour de Jamie Lee Curtis dans le rôle de sa vie, la comédienne étant de loin la grosse satisfaction du film. Les clins d’œil au film original qui possèdent presque tous le dosage adéquat. Une mise en scène bien supérieure à ce que les mauvais opus de la saga ont su proposer.

jamie lee curtis dans halloween 2018

Contre : Un scénario qui multiplie les grilles de lecture sans jamais choisir une vraie ligne directrice. Au point qu’on se demande sans cesse qui est ou pire qui aurait dû être le personnage principal de l’intrigue. Des idées de meurtres brillantes sur le papier, mais qui souffrent d’une exécution timide voire maladroite. D’où une absence de véritable peur alors qu’il y avait tout pour. Un coup de théâtre bien ridicule pour faire avancer artificiellement le récit. Le potentiel générationnel des trois femmes Strode qui frustre tant il n’est jamais traité à sa juste mesure. A trop vouloir rallier tous les publics et les époques, le film perd son âme en y gagnant effectivement une efficacité illusoire, car tellement éphémère.  

 

6

Halloween 2 (2009) de Rob Zombie

Halloween 2 (2009) de Rob Zombie

Pour : Après avoir marché brillamment dans les pas de Carpenter, Rob Zombie plonge la saga dans son univers. Cela désarçonne, mais c’est aussi incroyablement fascinant de voir un véritable auteur (le seul, en dehors de Carpenter, à avoir mis les mains dans la franchise) s’approprier le mythe pour continuer à développer ses thèmes de prédilection. Et surtout avec son style bien particulier entre brutalité et onirisme. Le développement du personnage de Loomis, sorte de méchant presque involontaire, est risqué, mais fonctionne très bien. Notamment parce que Malcolm McDowell fait sacrément bien le job.

HALLOWEEN II_zombie

Contre : On part parfois loin de ce que la saga représente aux yeux du grand public. Au point de se dire que seuls les noms nous rattachent à l’univers que l’on connait. On est venu voir la suite d’Halloween et on se retrouve face à un pur film de Rob Zombie, le contrat peut être dur à avaler pour les aficionados de Michael Myers, surtout quand le réalisateur le représente plus comme un sans-abri qu’un tueur sanguinaire. Le délire onirique à base de cheval blanc peut laisser de marbre, d’autant que dans le domaine Zombie n’est pas aussi brillant qu’un Lynch.

 

5

Halloween 3, le sang du sorcier (1982) de Tommy Lee Wallace

Halloween 3, le sang du sorcier (1982) de Tommy Lee Wallace

Pour : Une tentative osée mais originale de casser la routine d’une saga basée sur un mec masqué qui tue des gens à l’arme blanche. Pas de Michael Myers à l’horizon dans cet opus qui lorgne bien plus du côté d’un épisode de La Quatrième dimension mais en mode gore.  On aime l’idée d’un scénario qui met en avant la manipulation des masses par le prisme de la télévision. C’est de l’horreur fait avec beaucoup de second degré. Et puis il y a la cultissime musique utilisée pour la promotion des masques d’Halloween. Une rythmique presque aussi entêtante que le thème d’Halloween composé par Carpenter.  

 

Contre : Il n’y a pas Michael Myers. Trop ovni et décalé pour qu’on l’associe à la franchise. Le film fait très contrefaçon dans cette optique.  Bien que l’esprit Quatrième dimension règne sur l’entreprise, on reste quand même loin des plus grandes réussites de la série créée par Rod Serling.

 

4

Halloween, 20 ans après (1998) de Steve Miner

Halloween, 20 ans après (1998) de Steve Miner

Pour : Le film vaut bien mieux que sa mauvaise réputation. Notamment parce que Steve Miner est un cinéaste sous-estimé qui sait parfaitement shooter ses films. La preuve avec le duel final entre Myers et Strode qui permet d’apprécier l’une des meilleures séquences de toute la saga. Un pur moment de mise en scène regorgeant d’idées visuelles fortes (l’iconique plan de Jamie Lee Curtis dans le hublot de la fenêtre). Rien que pour elle, le film mérite le détour. Et c’est aussi l’occasion de voir à l’œuvre de jeunes comédiens qui allaient beaucoup faire parler d’eux par la suite : Josh Harnett, Michelle Williams et Joseph Gordon-Levitt. Sans oublier les jolies échanges mère-fille entre Jamie Lee Curtis et Janet Leigh qui pinceront le cœur de tout cinéphile qui se respecte.

Contre : Hormis le superbe final, le film ne fait d’étincelles. Il prend trop son temps à placer ses pions et le menace Myers n’est jamais assez présente. Même si Jamie Lee Curtis fait parfaitement le job, on reste forcément sur sa faim face au développement de son personnage. Tout est dans le titre, après 20 ans d’attente, on est devenu forcément très (trop) exigeant

 

3

Halloween 2 (1981) de Rick Rosenthal

Halloween 2 (1981) de Rick Rosenthal

Pour : À l’image des Dents de la mer 2ème partie, il est difficile de passer après un chef d’œuvre absolu qui a défini le genre pour les années à venir. Et pourtant comme l’excellent film de Jeannot Szwarc (qui reste encore aujourd’hui le deuxième meilleur film de requins au monde), Halloween 2 ne démérite jamais et propose ce qui est toujours un des meilleurs slashers jamais faits. Bien sûr en axant son récit juste après les événements du premier film, les comparaisons sont inévitables et à aucun moment le film de Rosenthal ne vient faire oublier l’œuvre matricielle de Carpenter. Pour autant, le suspense fonctionne à plein régime, les meurtres sont superbement bien orchestrés et même parfois particulièrement sadiques (on n’oubliera jamais la séquence du jacuzzi). Et Jamie Lee Curtis gagne ici définitivement le titre de meilleure scream queen de l’Histoire.

jamie lee curtis dans Halloween 2 (1981) de Rick Rosenthal

Contre : Le film sera toujours comparé à Halloween et jamais personne ne le trouvera meilleur. Exactement comme Jaws 2. Injuste ? Peut-être ! Il démontre surtout que toutes les excellentes qualités techniques et scénaristiques ne servent parfois à rien quand la marche est trop haute.

 

2

Halloween (2007) de Rob Zombie

Halloween (2007) de Rob Zombie

Pour : Une idée casse-gueule (expliquer et donner un visage humain au Mal) que Rob Zombie assume à 1000%. C’est d’ailleurs quand il évoque la jeunesse de Michael que son film s’avère le plus fascinant. On marche à fond dans ses propositions et contre toute attente la rencontre entre l’univers de Zombie et celui de Carpenter donne naissance à un objet unique. Quant à la relecture des scènes que l’on connaît du film original, la brutalité orchestrée par le cinéaste permet d’éviter de tomber dans le piège comparatif. On est vraiment face à une vraie proposition de cinéma. Qui plus est singulière. Ce sera la seule fois où la franchise aura le droit à un tel traitement du mythe original.

Halloween (2007) de Rob Zombie

Contre : Ceux qui aiment la suggestion, le non-dit, passeront vite leur chemin. Paradoxalement, on a rarement vu un remake aussi fidèle dans le récit mais si différent dans son approche thématique et même visuel. S’attaquer au mythique film de Carpenter pour « juste » aller plonger dans l’enfance de son boogeyman valait-il le coup ? La question s’est toujours posée et se posera toujours selon les sensibilités de chacun.

 

1

Halloween (1978) de John Carpenter

Halloween / La Nuit des masques (1978) de John Carpenter

Pour : L’un des plus grands films d’horreur de tous les temps. Une modernité qui ne faillit pas au point que l'on défie quiconque de découvrir le film pour la première fois aujourd’hui et de lui donner ses 40 ans. Si son boogeyman, l’un des plus iconiques méchants de l’Histoire, est l’incarnation parfaite du Mal, Halloween peut être considéré comme le prototype du film parfait. De son ahurissant plan séquence en caméra subjective de plus de 4 minutes à son final angoissant dans la maison en passant par une kyrielle de séquences culte au visuel stupéfiant (on peut faire des captures d’écran à l’infini du film) sans oublier sa mythique bande originale (le thème principal est l’un des morceaux de musique les plus géniaux qu’un être humain ait composé au 20ème siècle), Halloween fait partie de cette infime sélection de films que l’on peut revoir en boucle en étant toujours autant fasciné par son incroyable pouvoir attractif. Rarement le numéro 1 d’un classement n’a paru aussi supérieur à son dauphin.

halloween 1978 de john carpenter

Contre : D’avoir par son phénoménale succès donner envie à des gens bien moins talentueux de tenter de reproduire la formule magique. 

 

Publié le 24/10/2018 par Laurent Pécha

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